Les arbres et le stress hydrique

9 décembre 2020
Peter Menten et Reinhild Jäger
W.Simlinger

Les variétés d’arbres qui supportent bien la sécheresse sont promises à un bel avenir. Après tout, la recherche à long termeconfirme maintes et maintes fois que la combinaison de la chaleur et de la sécheresse prolongée affecte nos forêts et impacte fortement la croissance des arbres. En Autriche, des recherches ont été menées pendant des […]

Les variétés d’arbres qui supportent bien la sécheresse sont promises à un bel avenir. Après tout, la recherche à long termeconfirme maintes et maintes fois que la combinaison de la chaleur et de la sécheresse prolongée affecte nos forêts et impacte fortement la croissance des arbres. En Autriche, des recherches ont été menées pendant des décennies sur l’impact de la sécheresse sur les forêts et donc indirectement sur le climat.

Les longues périodes sèches ont également un impact sur la croissance des arbres et leur capacité de capter le carbone dans les forêts humides comme les nôtres. Même s’il y a en moyenne autant de précipitations dans les années de sécheresse que dans les autres régions, les périodes de sécheresse laissent des traces. L’Institut national autrichien de la recherche forestière a déterminé que lorsque les forêts souffrent d’un manque d’eau, elles ne peuvent exercer qu’en partie leur fonction de protection en ce qui concerne le climat. Les longues périodes de sécheresse qui sont de plus en plus fréquentes suite au changement climatique ont pour effet de fragiliser les arbres et d’augmenter leur sensibilité face aux parasites. Les arbres souffrent donc de stress hydrique.

Les effets ne sont pas immédiatement visibles parce que lors d’années particulièrement sèches, la croissance annuelle du tronc ne diminue que de manière limitée. Par contre, la façon dont la forêt capte le carbone est mesurable de manière plus précise. Cet effet ne peut être mesuré qu’après un certain délai. Les dégâts imputés au stress au niveau des racines et des canaux hydriques du tronc demandent un certain temps pour être résorbés. En plantant un bon mélange d’espèces d’arbres, ces dommages peuvent être limités ou même compensés.

Une croissance moindre et un rendement en baisse

La comparaison des années de sécheresse avec des années de précipitations moyennes montre l’impact des sécheresses répétées sur la croissance. Cela est démontré par des mesures de la circonférence du tronc à l’aide de ‘capteurs très sensibles qui mesurent la circonférence du tronc’ et qu’on appelle des dendromètres. De cette façon, il est possible de déterminer la circonférence du tronc au millimètre près. En cas de sécheresse, la taille du tronc diminue, l’arbre se rétrécit littéralement et se dilate à nouveau lorsque la rétention de l’humidité est de nouveau normale. Les résultats pratiques de la mesure indiquent que les arbres ont été soumis à plus de stress au cours de l’année 2018 plus sèche qu’en 2019, une année un peu plus humide. Au cours d’une période d’étude de 20 ans, un essai mené en Autriche a démontré le ralentissement de l’augmentation annuelle du stock d’une forêt de sapins de 3080 kg à 2760 kg par hectare. Cela correspond à une diminution d’environ 10%. En raison de la diminution de la croissance du tronc, l’arbre va lier moins de carbone et donc la forêt contribue moins à la protection du climat. Dans le cas pratique ci- dessus où il y avait une perte de croissance des troncs de l’ordre de 10% par hectare, cela équivaut à 1,6 tonne de carbone en moins qui peut être lié. En outre, d’autres effets de la sécheresse et de la chaleur réduisent la fonction de protection du climat de la forêt. En raison de la température plus élevée du sol pendant les années de sécheresse, par exemple, le sol respire beaucoup plus grâce à des processus de dégradation interne tels que la décomposition et la formation d’humus et libère donc plus de carbone.

Les essences qui supportent la sécheresse

Les forêts mixtes peuvent compenser les effets de la sécheresse parce que les effets indirects du stress dû à la sécheresse, comme une sensibilité accrue aux insectes nuisibles, n’attaquent qu’une seule espèce d’arbre et non l’ensemble de la population. C’est pourquoi, dans de nombreux endroits, ce principe est déjà pris en compte lors de la plantation; différents types d’arbres sont plantés en lieu et place de la monoculture traditionnelle.

La forêt de et pour l’avenir deviendra un mélange coloré d’essences de différentes espèces d’arbres qui seront ainsi plus résistants aux influences de l’environnement. Le sapin sera par exemple moins planté. Comme ses racines se développent à plat, il a besoin d’au moins 600 à 800 mm d’eau par an. Les pins et les mélèzes ont besoin de moins d’eau et tolèrent encore mieux la sécheresse. En termes de précipitations, le chêne se satisfait également de moins. Il pousse de préférence dans les endroits secs et supporte assez bien de plus longues périodes de sécheresse.

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